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Pêche et littérature, "nature writing", livres de pêche.

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Denis Rigal, Eloge de la truite

Denis Rigal, Eloge de la truite, Editions de l'Apogée, 2013


Denis Rigal, Eloge de la truite

Denis Rigal et les Editions Apogée nous offrent 143 pages en format de poche. Un livre qui peut entrer dans la catégorie des « Livres de waders » à la fois pour le format et la cadence du récit. Il est question de truites, de pêche à la mouche mais pas seulement, de chemins terrestres et littéraires, d'art culinaire et de sexe (un peu), de visions autant pariétales que relevant des beaux arts. Vous allez me dire «mais forcément » car on parle de la truite tout de même ! Denis Rigal dresse un éloge, ni funèbre, ni panégyrique.

Il accroche au mur ses souvenirs, ses pensées, son amour de la truite, ses voyages, ses humeurs, il évoque ses amis d'écailles et de c½ur. C'est en cela que c'est un livre de waders. Glissez-le dans l'une de vos poches lors d'une partie de pêche. Oubliez-le, un peu, puis au moment du bivouac ou de la pose, lisez un petit chapitre avec un verre de quelque chose (vous prenez bien un petit verre de quelque chose lors de vos parties de pêche, j'espère) et vous verrez, vous ne serez pas bredouille ce jour-là ...

« Mordu » donc, mais ce n'est pas comme dit ma jolie voisine, qu'il « - faut aimer l'poisson ! »
C'est aussi, pour moi, on m'a compris,
avant tout une affaire d'amour. »
Jérôme Favard, Comment ne pas les manquer

Denis Rigal, Eloge de la truite

Michael Maschka, Der Himmelsfisch (www.michaelmaschka.de/)

Denis Rigal nous met à l'aise, son éloge n'est pas académique. Il commence par un préambule (« qui marche devant, qui précède » certainement l'étymologie réinventée du guide de pêche), nous demande d'oublier les Anciens à commencer par Walton et toute cette aristocratie de la pêche, pour nous présenter ses copains, des « braconniers métaphysiques ». Des gars rustiques, efficaces, quasiment enfantés par la rivière qu'ils écument en vrais autochtones. Des braconniers, on en connaît chez Genevoix, chez Bosco, ils naviguent dans la mythologie du héros et du drame inéluctable. Ceux de Rigal tiennent de René Fallet (qui, noblesse oblige, salue toujours ses copains de pêche), Don Camillo (sans Peppone) et peut-être même de Pierre Dac à la manière du préambule qu'il écrivit pour le livre de Jérôme Favard, Comment ne pas les manquer. Un art de pêcher ... et de vivre : Denis Rigal n'est donc pas « pêchaligné » et c'est tant mieux.

Iconoclaste serait certainement le mot qui convient. Car évoquer la pêche à la main, la pêche au filet dans une rivière à truite, puis, sans même prendre le temps de quitter ses cuissardes, passer par la cuisine pour les servir à des connaisseurs, c'est osé de nos jours... Mais Denis Rigal est un pêcheur qui en a vu d'autres et manger une truite c'est toujours l'inviter à dîner écrit-il malicieusement. Du reste, « la pêche de la truite n'est pas une contemplation, c'est une quête » et dans toute quête, il y a l'effort, l'obstination, le dépassement, du rude et du sauvage, parfois du drame, du bucolique à la limite, à l'extrême limite. Mais à la fin que trouve-t-on ? Que nous apporte la quête que serait cette pêche de la truite ? Denis Rigal ne nous donne pas la réponse sinon à quoi bon aller encore à la pêche. Il la dessine plutôt à coups de crayons légers, la laisse deviner à mots couverts pour que chacun d'entre nous puisse ajouter sa réponse.
 
«  Mais il n'est pas certain que le point de vue « réaliste »
du pêcheur
soit plus pertinent que celui du poète »,
Denis Rigal.
Denis Rigal, Eloge de la truite
A.D. Maddox, Contemplating the One, 2004 (http://www.admaddox.com/homepage/)

Mieux vaut le dire tout de suite : la pêche n'est pas que technique sinon l'amour ne serait que du sexe. Il y a dans la pêche, une dimension esthétique que les pêcheurs connaissent bien. Jean-Paul Péquegnot dans L'art de la pêche à la mouche sèche, ouvrage technique s'il en est, prend garde dans son introduction « Pourquoi il faut pêcher à la mouche sèche » d'indiquer qu'il s'agit d'une joie intense, d'une conquête du plaisir « qui font que la vie vaut la peine d'être vécue ». La pêche, et pas seulement la pêche à la mouche, a une dimension esthétique car il y a du beau au sens platonicien du terme (c'est-à-dire, ce par quoi toutes les choses sont belles), de la sensibilité à fleur de peau, et du plaisir vrai, simple et vif. Cette dimension est poème selon Denis Rigal et associée à la quête précédente, j'entends déjà les premiers vers d'une nouvelle chanson de gestes. L'auteur récuserait peut-être ce versant lyrique, mais il y a aussi cette dimension exaltante dès que nous nous présentons au bord de l'eau.
Saisis que nous sommes par le parfum de la rivière ou par l'aube humide et fraîche et parfois même dès le café du matin lorsque nous sommes seul, la tête pleine de promesses, dans la cuisine d'une maison endormie, juste avant de partir, en espérant n'avoir rien oublié.

« Fraîcheur, grâce, courbe, miroir, nues, offertes, orage, éternité », voilà ce que sont les rivières selon Denis Rigal, j'ajouterai « lit » dans lequel nous sommes parfois ... La rivière est féminité, son nom même est féminin le plus souvent (sauf pour le Merdereau que l'auteur n'aimerait pas pêcher) et il sonne à l'oreille comme un rendez-vous. L'euphonie de la carte de France, des rivières et des fleuves qui s'apprenait jadis dans les écoles de « la République française ». C'était une connaissance intime et charnelle de son pays, de ses veines d'eau, de ses nervures que l'on suit du bout du doigt sur les cartes usées, et qui fait tache aujourd'hui. Mais d'où vient le nom des rivières ? Pour Rigal, il remonte à la source primordiale, à l'Eden même et peut-être à cette Grande rivière au c½ur double, Mère de toutes les rivières. Jean Rodier (que Rigal cite et dont j'ai lu et relu le livre) se demandait si le nom des rivières venait de l'aval ou de l'amont, des méandres indolents ou de la source rocailleuse. Le saura-t-on jamais ? Ludovic Janvier, dans son long poème, sorte d'odyssée onomastique de l'eau vive, Des rivières plein la voix, avance que le bruit de l'eau a traversé la langue et a créé l'organe. En prononçant le nom des rivières nous parlons rivière, nous parlons une langue d'eau vive, nous murmurons le patois des ruisseaux. L'Argence vive, Dolore, l'Isole, Virlange et Limagnole, Nive, la Doufine, la Loue, franc-parler plutôt que langue morte, drapeau d'eau vive ! « Bref, le supplément d'âme est un supplément d'eau » ajoute Ludovic Janvier.
De ces rivières, Rigal en retient deux. La première, celle de son enfance, la Virlange, car il y a fait son baptême de pêcheur, et la seconde la Loue.
 
« Va, bondis, ô ma Loue ! à travers leurs entraves
Et n'imite jamais ces rivières esclaves,
Que les hommes, flairant partout un lucre vil,
Alignent au cordeau de leur code civil. »,
Max Buchon, 1840 (poète franc-comtois).
Tableau : Courbet dans son atelier
Denis Rigal, Eloge de la truite
Courbet peignant un paysage de la Loue, derrière lui un modèle nu (L'Origine du Monde ? Personnification de la Loue ?), au fond à droite Max Buchon et Proudhon.

Denis Rigal revient à La Truite de Courbet, poisson massif, la bouche taraudée par l'hameçon fort de fer, et dont le corps flasque voit ses couleurs vaciller. Tableau triste d'une belle truite à l'agonie peint en 1873 après la Commune de Paris dont le peintre fut un acteur et que nous avons déjà évoqué dans L'histoire d'un ruisseau d'Elisée Reclus, autre Communard. Rigal veut voir dans cette nature morte moins le message du peintre engagé que celui d'un peintre présent au monde, celui de la Franche-Comté en particulier et qu'en ce pays d'alors les belles truites se mangent. Pourquoi pas ! Courbet est pêcheur, il l'écrit à ses s½urs et à d'autres, il se régale de truites et d'écrevisses et accoure dès qu'à Ornans la rumeur avertit que des belles truites ont été prises : «  J'ai fait des tableaux de poissons que les fils Ordinaire avaient pris, ils pesaient neuf livres, c'était magnifique » écrit Courbet avec jubilation, en 1872. Reste qu'une représentation, même d'une truite, est toujours une interprétation que l'image ne parvient jamais à saturer. C'est certainement le besoin de cette image qui fait réalité dans le présent ou spectre à venir dans les rêves de la nuit qu'il faut voir le tableau de Courbet. Nous avons besoin d'amener la truite à la lumière, même travaillée au couteau sur la toile tendue, pour croire. En ce sens, Courbet est pêcheur et nous, tout comme lui, sommes peintres.
Fermez les yeux et vous verrez ces poissons fantastiques, chamarrés de couleurs insensées, qui passent dans l'obscur liquide de la prunelle, la nuit.
Mais Rigal, on ne sait par quel cheminement, nous dit que La truite de la Loue ne serait que la première partie d'un diptyque dont la seconde partie serait L'origine du monde ! Vous avez certainement déjà vu ce tableau de Courbet visible lui aussi au Musée d'Orsay et qui n'a pas d'équivalent, je crois, dans l'art occidental. Il s'agit d'un tableau représentant le sexe d'une femme brune ou plutôt LE Sexe de LA Femme pour reprendre l'expression parfaite de Thierry Savatier. Denis Rigal nous emmène loin, très loin, et nous laisse étonné, voire même stupéfait, devant ce tableau. De telle sorte que contraint de continuer le cheminement seul, j'en viens à imaginer qu'il ne s'agit pas d'un diptyque mais d'un triptyque, la première partie serait La source de la Loue suivie de La truite et enfin de L'Origine du monde.
Courbet a réalisé plusieurs tableau de la source de la Loue. Une grande arche de pierre constituée de plis fracturés surmontant comme un dais le sombre de la résurgence qui occupe l'espace central du tableau. Dans le tableau visible au National Gallery of Art de Washingon, un pêcheur s'affaire, Courbet le représente de dos, sur le seuil, ni entré, ni sorti, le dos baigné de lumière et la face plongée dans l'inconnu du gouffre. Sa présence redouble la vision du spectateur, la sienne et la nôtre fixent l'horizon noir de la caverne de la même manière que dans la dernière partie de notre triptyque, le regard est happé par le sexe noir plissé de carmin. La source de la Loue devient une métaphore de L'Origine du monde. Le paysage prend forme humaine, les plis, les drapés, les ourlets de pierre sont autant de plissements, de commissures de chair. La minéralité devient sensualité, et la chair se fait lithique autant qu'énigmatique. Jacques Lacan, qui a un temps possédé le tableau, évoque « L'origyne du monde » du latin os-ori, la bouche et du grec ancien -gunê, la femme. L'interprétation se fait ensuite naturellement... si elle n'est pas triviale.
Ainsi, nous aurions, nous pêcheurs, en suivant ce triptyque imaginé, une néo-Trinité. La chair de l'eau et de la pierre, la chair de la truite, la chair de la femme pour l'appétit de l'oeil ; le mystère de l'inconnu, révélation par la truite, le mystère du monde pour l'appétit de l'âme. Par conséquent, nous irions à la pêche non pas pour apprendre à mourir comme l'écrit Rigal mais par désir, peut-être même par volupté et très certainement pour ne jamais cesser d'apprendre à vivre.
 
« La truite est autre et ailleurs ; son repos, c'est l'imminence d'un jaillissement, sa présence, l'imminence de sa disparition »,
Denis Rigal
Denis Rigal, Eloge de la truiteDenis Rigal, Eloge de la truite











Confrontation entre les maîtres du passé et les créateurs d'aujourd'hui.
Brice Marden /Gustave Courbet
Musée d'Orsay.(http://www.argol-editions.fr/f/)
 
Insaisissable idée poétique de la truite qui renvoie sans cesse au secret et à l'apparition, à l'immobile et à l'instant du signe, à l'avènement du beau et du palpitant dans la paume de la main mouillée, ouverte par-dessus l'eau. La truite serait « hors langage » pour citer Denis Rigal, car elle oblige à la modestie de la parole, au silence poli des non-dits. La pêche - a fortiori celle de la truite - peut constituer le hors champs dévorant de toute une vie. Du silence donc, de l'humilité, parce que parler pêche, c'est se montrer, s'exposer, se mettre en avant et quitter le hors champs pour entrer dans la banalité langagière et le lieu commun. La pêche serait alors un culte à mystère dans lequel le silence et le secret mèneraient à l'initiation. On retrouve parfois cet aspect chez des auteurs halieutiques comme Serge Sautreau ou John Gierach. Mais combien de mots pour le dire ?
La truite « hors langage » est une devinette à la réponse sans cesse échappée, l'énigme au bout de la ligne la plus fine, un rébus de mots et de signes, une éclaboussure. Mais, la dernière page du livre achevée, il me vient un doute, un doute et un désir. La truite lisse glisse hélas ... Alors, retournons l'attraper !
Denis Rigal, Eloge de la truite
A.D. Maddox, The Take (http://www.admaddox.com/homepage/)

Chamane51 le 01/11/2013
Articles précédents :
Pêche et littérature, nature writing, livres de pêche.

Jean Rodier, En remontant les ruisseaux
Joan Miquel Touron, La belle histoire de la pêche à la mouche
Henri Bosco, Malicroix
Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840)
Laurent Madelon, Plaisirs de la pêche en montagne
René Hénoumont, Le jeune homme et la rivière
John Gierach, La-bas les truites...
Jacques-Etienne Bovard, La pêche à rôder
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker
Tags : Truite, Denis Rigal, Courbet, Loue, Jérôme Favard, Jean Rodier, Jean-Paul Péquegnot, Elisée Reclus, Ludovic Janvier
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#Posté le lundi 28 octobre 2013 08:49

Modifié le vendredi 01 novembre 2013 09:50

Maurice Genevoix, Rémi des Rauches, Flammarion, 1922

Maurice Genevoix, Rémi des Rauches, Flammarion, 1922Maurice Genevoix, Rémi des Rauches, Flammarion, 1922
 
 
Maurice Genevoix est un survivant de la Grande boucherie de 1914-1918, et trouve dans l'écriture et en particulier dans celle de Rémi des Rauches, la respiration nécessaire pour cicatriser ses blessures à l'instar d'un Ernest Hemingway, lui-même gravement blessé dans ce conflit et qui écrivit une magnifique nouvelle, La grande rivière au c½ur double, dans laquelle la pêche et la rivière sont tout autant réparatrices et salvatrices que la Loire de Genevoix. Que reste-t-il aujourd'hui de Rémi des Rauches ? Moins connu que La boîte à pêche, Rémi des Rauches fut considéré comme un roman d'apprentissage ou d'initiation puis comme un roman régionaliste, oublié sur les étagères poussiéreuses des bibliothèques municipales.
 
 Si Genevoix écrivait aujourd'hui, son livre serait édité dans une collection Nature Writing aux côtés de Geriach ou d'un John D. Voelker, on évoquerait son livre dans les magazines littéraires et même dans les magazines de pêche et pourquoi pas à la télévision à des heures pas trop tardives. Comme La boîte à pêche, il faut lire Rémi des Rauches. Il faut le lire parce que Genevoix y donne une aspiration, un souffle vital qui est celui de la nécessité de l'eau vive et de la pêche. La Loire y apporte sa force et sa séduction irrésistibles, la pêche y est une activité naturelle comme la respiration, le rêve ou les passions.
 
« Le pays où je vous mène est peut-être de par ici,
mais il est d'un autre règne »,
M. Genevoix, La forêt perdue.
 
Rémi des Rauches, le héros, est un familier des berges de la Loire, en un temps où le fleuve était sauvage et indompté. Ses crues n'avaient que faire des berges maçonnées, les barrages étaient de paille, et les maisons comme des sucres dans le liquide. Jadis, dans cette Loire, les saumons, les aloses remontaient — comme depuis toujours — vers leurs frayères. Les carpes et les brochets reposaient dans les noues à l'ombre des bachots à fonds plat. Un temps béni ? Oui, un temps béni où « les envolées du clocher, les tintements de l'angélus passèrent en se poursuivant au loin » par-dessus le fleuve, ses plages de graviers, ses hautes herbes. Nous sommes à... et la Loire n'a pas encore un goût de mer. Elle déroule son long parchemin et dit la France, celle qui s'éternise à mourir sous nos yeux.
 
Rémi est un rêveur contemplatif, le regard aspiré par le grand fleuve non loin de la cabane du père Jude, vieillard chenu à peine protégé par un abri fait de terre et de végétal. C'est une sorte de troglodyte solitaire retiré du monde pour mieux se consacrer au fleuve. Genevoix lui fait dire : « Maintes fois, j'ai cru voir l'image d'un visage de femme, sourire le visage de la Loire. J'ai rêvé dans un bloc de marbre blond, de hanches souples et de seins aux belles courbes », plus loin il ajoute «  ... et la Loire prend mes yeux ; et je lui dis seulement tout au fond de mon c½ur “Sois la Loire” ». Douce rêverie donc, La Loire souple, sinueuse dans ses bras, ondoyante dans son lit même, invite à une sensualité envoutante à laquelle l'ermite semble s'être voué. Le père Jude ressemble aussi à ce vieillard qu'Henri D. Thoreau (que Genevoix connaissait bien) a aperçu en descendant la Merrimack River, mais le père Jude n'est pas de ces vieillards vivant au bord de l'eau un ermitage biblique qui les rapproche de Dieu. Le père Jude est un déclassé, un réprouvé pour son aspiration trop grande à la liberté. On pense à Elisée Reclus et son Histoire d'un ruisseau, à Courbet et ses Truites de la Loue, tableaux sur lesquels il inscrivit l'épitaphe « Sainte-Pélagie » (prison où il fut enfermé) ou in vinculis faciebat (« fait dans les liens »). Tous les deux étaient Communards, il faut maintenant leur ajouter le père Jude qui était fouriériste.
 
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches, Flammarion, 1922Le fleuve, la rivière, sont alors les derniers espaces de liberté, les derniers lieux dans lesquels une vie simple et digne peut s'accomplir loin de la macération des hommes et de leurs turpitudes politiques et sociales. La cabane du père Jude est trop loin des villes et de ses maisons agglomérées, elle ne souffre pas du cadastre de l'arpenteur et du cordeau de l'ingénieur des Ponts et Chaussées. On croit voir, en vrai, le pêcheur Justin Buvat — dont nous parle Genevoix au chapitre Mystique de La boîte à pêche — un vieillard maigre, le visage osseux et parcheminé, des yeux d'eau pour l'avoir trop longtemps surveillé. Lui aussi vit dans une cabane appuyée sur une berge de la Loire, de laquelle, lorsqu'il s'endort, il peut entendre les murmures chantonnés par le fleuve et même « les poissons qui sautent à la lune ». Celui-ci semble connaître enfin une certaine félicité, La boîte à pêche ayant été écrite en 1926, huit ans après la fin du premier conflit mondial.
 
« Que dirais-tu, maintenant, d'une heure de pêche au bord de l'eau ?
 Délasse-toi, tu l'as bien gagné 
-Vrai ? dit-il. Oh ! Tu es gentille ... »,
Conversation entre Rémi et Bertille
 (M. Genevoix in Rémi des Rauches).
           
Bertille, la femme de Rémi, paraît avenante sous sa blouse, du moins assez pour avoir été courtisée jusqu'au mariage. Cependant, elle n'en demeure pas moins comptable de ses sentiments, économe en amour comme pingre en argent et reproche à Rémi d'aller à la pêche : « Combien de fois es-tu allé à la pêche ce mois-ci ? Tu n'en sais rien ? Moi, je le sais : tu y es allé dix-sept fois ; et davantage le mois d'avant ; et tous les jours de juin qui ont suivi l'ouverture... » Rémi ne s'étonnera pas lorsque Bertille se montre amène avec lui et se sert de la pêche comme un appât ou un leurre pour l'éloigner de la maison, de ses manigances et de sa tromperie. La pêche aussi peut servir à cela. Rémi ne vit que par la Loire ce qui fait sa naïveté. Il la parcourt avec sa canne à qui il a donné un nom comme les chevaliers à leur épée. Rémi est plus modeste, il pêche le chevesne à la surprise avec sa « Mort-à-pêche » en rodant le long du fleuve caché par les hautes herbes. Il attrape les goujons et débusque des poissons plus gros, assez pour garnir une belle assiette. Le vin de Loire est léger, chantant dans la gorge, il égaye la chair des poissons. Rémi et ses compagnons de pêche le boivent la bouche goulument colée au goulot d'une dame-jeanne : « elle aime bien qu'on lui tire les oreilles, c'est du p'tit lait qui n'a pas de venin ». À cette époque, dans chaque paysan se cachait un pêcheur et parfois même un braconnier prompt à la rapine à la manière d'un Raboliot dont les yeux furètent partout lorsqu'il vide les étangs. Mais Rémi est moins malin et se meurt à la ville où Bertille l'a entrainé et l'a même enfermé. La Loire se meurt aussi avec lui : « Elle était sans mystère aujourd'hui ; bleue simplement, du même bleu léger que le ciel ». Le renoncement est proche et pourtant Rémi comprenant la duperie et la trahison de Bertille retourne à la Loire qui se remet à vivre, à murmurer et à jeter à ses yeux des éclats de couleurs : « Il l'écouta murmurante, froncée de moires fugaces et bleues », « Loire chérie... », disait-il.
 
Ici, il faudrait s'arrêter, faire une pause et respirer longuement, se dire que le temps devrait égrener ses minutes comme un métronome finissant. Il nous faudrait être sur les bords de la Loire, assis sur le talus de la berge, immobile de patience et de contemplation. Se faire vivant dans le roman de Genevoix. Imaginez Rémi, résolu maintenant, se dévêtir et se couler dans l'onde du fleuve « Tout près au bord du remous, l'eau vive tournoyait, clapotante. Il flottait, le poing lié aux rauches, avec l'abandon d'une algue. Il était bien ». À ce moment, Rémi se retrouve, guéri, par le miracle de l'eau vivante de la Loire, « Te voilà donc... Te voilà toujours, Rémi des Rauches ».
 
Vingt après la mort du père Jude, Rémi des Rauches s'en retourne vers son compagnon, son maître, son père avec à la main sa « Mort-à-pêche » et en bandoulière une boîte en châtaignier pleine de chevesnes pêchés et posés sur un lit d'herbes. Il ne reste que la cabane dans laquelle, avec la nuit commençante, il entra. La cabane du père Jude est sienne maintenant scellant ainsi — grâce à la Loire — une fraternité posthume, une fraternité d'hommes, une fraternité de pêcheurs.
 
«  À l'Internationale des pêcheurs à la ligne »,
M. Genevoix
(envoi de La boîte à pêche).
 
Chamane51 le 06/12/2011
(Article édité dans Le monde de la truite)
Articles précédents :
 
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker

Tags : Rémi des Rauches, Maurice Genevoix, Hemingway, La grande rivière au c½ur double, La boîte à pêche, Saumon, Alose, Carpe, Brochet, La Loire, Henry D. Thoreau, Merrimack River, Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau, Courbet, Nature writing
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#Posté le dimanche 04 décembre 2011 10:23

Modifié le lundi 29 octobre 2012 13:14

Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau, 1869, Infolio éditions 2010

Elisée Reclus, Histoire d’un ruisseau, 1869, Infolio éditions 2010
Histoire d'un ruisseau, Elisée Reclus.

La première fois que j'ai rencontré ce livre ce fut par une citation de S. Massé dans son Au léger/Ultra-léger de 1946 (400 francs de bon aloi à l'époque) au chapitre « La truite dehors, la truite en surface » (page 81). La citation était longue, aussi longue que ma recherche fut vaine pour trouver l'ouvrage. Une première réédition contemporaine de L'Histoire d'un ruisseau, probablement confidentielle, puis une seconde cette année en même temps qu'une biographie nouvelle d'Elisée Reclus vinrent faciliter la rencontre.

Enfin, j'avais L'Histoire d'un ruisseau entre les mains...

Personnage extraordinaire de la fin du XIXe siècle, Elisée Reclus est surtout connu comme géographe. Polyglotte, grand voyageur, explorateur du Mississipi, libertaire debout sur les barricades de la Commune de Paris aux côtés de Louise Michel et de ceux qui montèrent à l'assaut du ciel, réprouvé, pourchassé, auteur d'une monumentale Nouvelle Géographie universelle, il s'est aussi intéressé aux cours d'eau modestes par curiosité intellectuelle mais aussi par la force du destin.

« Il ne reposera plus ses regards sur les ruisseaux, sur les torrents... Il rendra ce qu'il a gagné et n'en profitera plus ; il restituera tout ce qu'il a pris et n'en jouira plus. »
 
Livre de Job 20.17.


Elisée Reclus est élevé dans une famille profondément protestante sur les bords de la Dordogne. C'est d'ailleurs en traversant celle-ci sur un bac que la mère d'Elisée faillit le mettre au monde. C'est dans cette rivière qu'il s'ébat, apprend à nager, vit ses premières aventures, ses premières robinsonnades. Il apprend à connaître sensiblement la nature, la présence physique des eaux vives et de leur monde. Des études en Allemagne, un premier exil à Londres en 1851 pour avoir affirmé des sentiments républicains, puis ce fut l'Irlande et enfin les Amériques, la Louisiane, où il entreprit de remonter le Mississippi découvrant les marchés aux esclaves, les Indiens en guenille et ces vieux Français, abandonnés, déplacés, expropriés, toute une misère humaine qui le fit renoncer à la religion et adopter une philosophie libertaire.

Reclus participe à la Commune de Paris, pense terminer enfin 1789 et croit le temps de la liberté arrivé. La révolution échoue, suivie de son cortège de répression sauvage. Reclus n'est pas assassiné ou condamné à la peine capitale, aux travaux forcés ou à la déportation, il est condamné au bagne, peine commuée au bannissement et part s'exiler en Suisse pendant 18 ans. Il y rencontre le peintre Courbet communard comme Reclus mais qui lui n'a pas échappé à la prison. Dans ses représentations de truites comme dans La Truite (Musée de Zurich, de Bern), Les Trois truites de la Loue (116x87 cm, Musée de Bern) il inscrit l'épitaphe « Sainte-Pélagie » (prison où il fut enfermé) ou in vinculis faciebat (« fait dans les liens »). Ces tableaux ont une taille hors norme, le regard est concentré sur ces poissons extraordinaires, le peinte joue avec les textures en déposant la peinture au couteau, fait se choquer la matérialité des écailles et du roc, les ouïes ensanglantées, la bouche ouverte, tordue et taraudée par l'hameçon. Courbet peint l'agonie des truites. Il indique dans ses lettres ce qui suit : « Car toutes les fois que j'ai représenté des bêtes traquée et pourchassées j'avais en tête les hommes traqués et pourchassés par le despotisme ».


« Ruisseau, courant d'eau peu considérable », Littré, 1872-1877.


La rencontre de Reclus et de Courbet dépasse, à mon sens, la rencontre de deux anciens communards. Ces deux hommes ont à voir avec les eaux vives parce qu'elles sont libres elles-mêmes.
Dans le Ruisseau couvert ou le Puit noir (Musée du Louvre, Paris) près d'Ornans où le ruisseau de la Brème coule doucement au milieu des rocs, dans une gorge étroite et assombrie par la densité de la végétation ou encore dans la série de plusieurs tableaux intitulée Source de la Loue. Courbet inverse la perspective avec un fond noir qui planifie le paysage. Courbet est photographe à la manière d'un Henri Le Secq, et son Ruisseau dans la forêt (photographie vers 1852, Bibliothèque des Arts décoratifs), offre en noir et blanc une nature rude, ténébreuse, touffue autour des eaux maigres d'un ruisseau.

Dans La grotte Sarrazine (Nans-sur-Sainte-Anne, Musée de Lons-le-Saunier, 1864) comme dans la série Source de la Loue, le peintre dramatise l'aspect par des paysages fondus, par des tourbillons d'eau et met en place la grotte, le gouffre, la cascade, le ravin et son déferlement d'eau et d'écume. On retrouve tout cela dans l'écrit d'Elisée Reclus. On peut même légender les tableaux de Courbet par l'Histoire d'un ruisseau. Reclus serait alors le géographe des tableaux de Courbet. Tous deux sont de la même veine et trouvent dans le ruisseau et ses paysages à la fois le ressourcement et le dépassement des maux de leur temps. Ce que traduira à sa manière le poète franc-comtois et ami de Courbet, Max Buchon (1840) :


« Va, bondis, ô ma Loue ! à travers leurs entraves
Et n'imite jamais ces rivières esclaves,
Que les hommes, flairant partout un lucre vil,
Alignent au cordeau de leur code civil. »




« Du reste, nul homme n'a plus de fortitude que le pêcheur », E. Reclus.


La pêche, est le sujet d'un chapitre entier dans l'Histoire d'un ruisseau. Elisée Reclus n'est pas un technicien, la pêche au milieu du XIXe siècle est essentiellement celle de la pêche à la ligne des poissons blancs ou des carnassiers. Mais la figure du pêcheur au bord de l'eau, immobile, attentif, ou marchant souple et précautionneusement sur les rives du ruisseau est d'abord celle d'une fascination, d'un envoûtement par l'esthétique des lieux. Le pêcheur est du biotope, sa ligne l'auteur la dit « intelligente » parce qu'il est de ce monde et qu'il lit la rivière et son en-deçà, qu'il reconnaît le vent et les signes annonciateurs qu'il trace sur la peau de l'eau. Courbet représente également le pêcheur fondu dans la monumentalité lithique et aquatique du paysage représenté par la Source de la Loue. On dirait un gardien fossilisé de patience, une statue de temple, le pêcheur est « comme un héros des anciens jours » écrivait Reclus. Le pêcheur aime les eaux libres parce qu'il est lui-même libre sur les bords de l'eau tout comme le géographe Reclus, tout comme le peintre Courbet qui peignait lui aussi au bord de l'eau et non dans un atelier.

Du reste pour Elisée Reclus l'homme peut-être aussi un prédateur, le plus féroce qu'il soit et depuis qu'il sait se maintenir debout sur ses jambes. La truite, ce « trait de lumière » ainsi que d'autres poissons furent souvent au menu de nos congénères. « Les progrès de la civilisation », que l'on doit comprendre comme étant celle de la Révolution industrielle qui détruisit par pollution faune et flore aquatique et rivulaire autant que les Ingénieurs des Ponts et Chaussées qui sous Napoléon III commencèrent par achever bien des cours d'eau à coups de règle et de compas. La pisciculture, l'auteur l'évoque comme une prouesse technique mais aussi comme le signe d'une décadence écologique. La production industrielle, « manufacturée » du poisson ne peut remplacer les frayères naturelles, la divagation des cours d'eau et la fabrication naturelle d'un lit de gravier, d'un radier ou d'une queue de fosse ou de mouille. Sans conteste, la vision d'Elisée Reclus dessine déjà pour l'époque une gestion patrimoniale des rivières parce qu'elles sont aussi vitales aux rêves des hommes.

Elisée Reclus, libertaire des eaux vives, poète des maigres eaux du ruisseau et des rivières généreuses, rêve d'un temps où l'homme pourrait vivre en communauté harmonieuse avec ce monde, celui de « La libre rivière » pour reprendre sa belle expression « où le poisson solitaire se dardait d'une rive à l'autre (...) où des forêts d'herbes flottantes frémissaient incessamment avec la foule cachée qui les peuplait ».
Chamane51, le 27/10/2010

Rub. Livres de pêche

Articles précédents :
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker


Tags : Elisée Reclus, Ultra-léger, S. Massé, Ruisseau, Rivière, Truite, Loue, Courbet
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