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Pêche et littérature, "nature writing", livres de pêche.

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#Posté le mercredi 01 octobre 2014 01:29

Modifié le dimanche 05 octobre 2014 08:49

Serge Sautreau, Après vous mon cher Goetz

 Serge Sautreau, Après vous mon cher Goetz
Serge Sautreau, Après vous mon cher Goetz, Nouvelles, L'Atelier des Brisants, 2001
 
 
La découverte de ce livre m'a fait l'effet d'entrer dans un nouveau magasin de pêche. Tout y est séduisant, nouveau, inédit et finalement on ne sait plus où donner de la tête et on s'y perd, par bonheur, absorbé par tant d'idées et de possibilités renouvelées. Ce livre a été tout cela. Onze nouvelles dans lesquelles il est question de pêche. Enfin, de pêche à la manière de Serge Sautreau, ce qui n'est plus exactement la même chose. On reste en effet dans le domaine de la pêche mais au bord de quelque chose qui peut vous renverser à tout moment. Une berge glissante, une falaise, une déclivité masquée par des algues, un simple bord de l'eau, un pas de travers et vous-voilà dans un autre monde. Pas de waders, ni de bâton de wading, on nage entre les lignes. Seautreau, on le sait depuis Le rêve de la pêche, est un très bel écrivain, magique, par ses tours littéraires, sa poésie narrative, ses contemplations extatiques, souvent drôles, toujours surprenantes, éblouissantes.

 
« Des hommes en redingote, d'autres en courtil,
des femmes, des enfants,
même des jeunes filles prêtes à marier, pêchaient ».
Les dimanches d'un bourgeois de paris,
La pêche à la ligne, Guy de Maupassant, 1880.
 Serge Sautreau, Après vous mon cher Goetz
Gustave Caillebotte, Pêche à la ligne, 1878
Cela fut d'autant plus vrai que j'ai partagé ce temps de lecture avec quelques nouvelles de Maupassant, Les dimanches d'un bourgeois de Paris, Deux amis, Le Trou. Ce sont de courtes nouvelles dans lesquelles l'auteur s'amuse avec la pêche et se moque de ses contemporains, les pêcheurs du dimanche (il ne semble pas qu'il en existait d'autres à l'époque). Contraste de style, minutie de l'observation, sens du détail psychologique, espace clos même au bord de l'eau décrit avec un style simple porté par des phrases qui vont à l'essentiel, sans fioriture, loin des couleurs impressionnistes et plus proche des grisailles d'un Courbet. Maupassant raille les hommes et la pêche, c'est un bon moyen de caricaturer, presque trop facile. Comme cette étonnante scène populaire dans La pêche à la ligne ou dans Les dimanches d'un bourgeois de paris où de longues processions hérissées de gaules en bambou rejoignent la Seine le jour de l'ouverture, ou Patissot qui s'essaie à la pêche avec un guide qui ne pêche pas, des chapeaux attrapés par mégarde et envoyés au milieu du fleuve. Pire dans Deux amis, la pêche désirée comme une évasion pendant le siège de Paris par les Prussiens en 1870 tourne au drame absurde. Les pêcheurs pris pour des espions sont fusillés et leurs cadavres jetés à l'eau. Enfin dans Le trou, un pêcheur tue, il assassine un de ses coreligionnaires qui a pris sa place le jour de l'ouverture (ce qui peut se comprendre tout de même). Avec Maupassant, la pêche est une comédie humaine, tantôt comique, tantôt tragique. Tout commence dans l'espoir et l'optimisme, l'évasion et la distraction et se termine par l'échec, le ridicule, la mort. La fonction de la pêche chez Maupassant permet d'introduire à bon compte cette idée que tout espoir est ridicule. Tout espoir est une tromperie, un détournement momentané du destin, de la fatalité, qui, finalement, resserre inexorablement son étreinte sur les hommes jusqu'à leur perdition. Avec Maupassant, on ne va pas à la pêche, on court à sa perte !

 
« J'ai pêché, savez-vous, plus qu'un dieu ne rêva ».
Après vous mon cher Goetz, Serge Sautreau.
 Serge Sautreau, Après vous mon cher Goetz
 Edouard Léon Cortes, Pêcheur à la ligne dans un bras de rivière (1882-1869)
 
 
Après vous mon cher Goetz s'entend alors comme une invitation, celle d'un guide précautionneux à l'égard de son client, d'un ami qui laisse sa place pour accéder au meilleur pool. Un brin mondain dans l'expression presque surannée dans le style, mais parce que vous allez entrer dans un monde surprenant alors autant commencer doucement. Le monde de Sautreau est peuplé de personnages lyriques, poétiques, populaires. A la pêche, le peuple a toute sa place et c'est peut-être là qu'il la tient le mieux, il y a parfois du René Fallet dans le style, mais il y a surtout du rêve et de la poésie. On ne peut que les aimer ces personnages. Celui qui pratique « la voie du héron », autrement dit quelques solitudes essentielles, des immobilités de roc ou de temps suspendu dans les eaux mouvantes. Celui qui voit arriver un ange blondinet habillé de tweed une canne Wise à la main, ou encore le pêcheur aventurier qui découvre une vallée perdue, inexplorée, fort probablement la dernière de notre monde. Le pêcheur révolutionnaire qui rêve d'une Dordogne libre, le savant fou créateur d'un ombre rouge. Le professeur tout aussi fou, auteur d'une Dialectique de l'Entomologie Créatrice d'Isaac Walton à Jean-Paul Péquegnot, qui utilise les lettres pour fabriquer des mouches. Shiva elle-même dont chaque cheveu est un torrent bondissant. Et bien sûr Goetz dont la nouvelle donne le nom au livre. Goetz qui disparaît avec la truite qu'il vient de ferrer. Tous ces personnages sont attachants, tendres, rigolards, farceurs, poètes, contemplatifs, ou fous tout simplement. Mais, ils sont façonnés par une autre folie, bien plus grande, bien plus forte, la pêche.

 
« On tiendrait pour injurieux, sacrilège même, envers une ablette, une tanche, un brochet ou un saumon de leur fixer un prix, de les affubler d'étiquettes.
Irait-on étalonner des dieux qui se consacrent
au bonheur et à la vie des hommes ?
Après vous mon cher Goetz, Serge Sautreau.
 Serge Sautreau, Après vous mon cher Goetz
 Edouard Léon Cortes, Rivière près de Paris (1882-1969)
 
 
C'est par la pêche que Sautreau trouve l'imagination. Il invente grâce à elle un monde de songes, de rêve, d'illusion et de fantaisie. On va au-delà de la pêche pour trouver une sorte de vérité qui expliquerait notre monde, enfin celui dont nous rêvons. Sautreau invente le monde de la pêche absolue, indépendamment des contingences de notre pauvre monde, indépendamment de nos connaissances et de leurs systèmes, indépendamment de tout, il n'y a plus que la pêche et tout s'explique par la pêche, pour la pêche. Tout est Pêche. Il y a là un monde fabuleux, merveilleux et souvent contemporain. Le mystère de la pêche est à portée du moulinet, Sautreau nous dit comment lancer et où trouver le bonheur dans d'aussi vastes espaces. Onze nouvelles pour accéder au plaisir et à la connaissance du monde, du nôtre, cela va sans dire ; les lunettes polarisantes sont poésie, les waders sont l'imagination, et tout prend sens soudainement : les remous, les reflets, l'onde et la surface, les courants et leurs entrelacs, le brochet, la truite, le saut de l'ange, l'ombre rouge et le milan royal, le quartz irisé des écailles, l'½il noir ourlé d'or, nageoire nervurée d'écarlate, le poisson et son double, le pêcheur du ciel et celui de l'en-deçà, l'Yonne, la Seine, les cheveux de Shiva, l'Exopotamie, La Dordogne libre, les mouches majuscules et même minuscules, le pompon vibratile, l'ondulante et la tournoyante, l'énigme, l'invisible, la voie du héron, l'indicible, l'à peine deviné, l'Absolu, enfin ! Prolégomène de son dernier ouvrage Le Rêve de la pêche que j'ai tant aimé, ces onze nouvelles sont autant de mantras à méditer.


« Je tiens le flot de la rivière comme un violon ».
Paul Eluard, Le livre Ouvert in L'eau et les rêves
de Gaston Bachelard.










Chamane 51, le 29/08/2014

Articles précédents :
Pêche et littérature, nature writing, livres de pêche.

Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet
Denis Rigal, Eloge de la truite
Jean Rodier, En remontant les ruisseaux
Joan Miquel Touron, La belle histoire de la pêche à la mouche
Henri Bosco, Malicroix
Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840)
Laurent Madelon, Plaisirs de la pêche en montagne
René Hénoumont, Le jeune homme et la rivière
John Gierach, La-bas les truites...
Jacques-Etienne Bovard, La pêche à rôder
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker


Tags : Serge Sautreau, Truite, Guy de Maupassant, Brochet, Isaac Walton, Jean-Paul Péquegnot, Mouche
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#Posté le lundi 25 août 2014 05:52

Modifié le mercredi 29 octobre 2014 04:47

streamers brochet

streamers brochet

 


Sur une idée de Norbert Renaud (http://vimeo.com/user3869343).
Chenille magique, chaplat JMC, bucktail, cristal flash.
Tags : Streamers, Brochet
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#Posté le dimanche 27 avril 2014 02:31

Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet

Maurice CONSTANTIN-WEYER, La chasse au brochet, Librairie de Champs-Elysées 1941

 Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochetMaurice Constantin-Weyer est mort en 1964, il laisse une ½uvre littéraire riche d'une cinquantaine de livres et d'un prix Goncourt. C'est au Canada, pays dans lequel il part chercher fortune, qu'il confrontera son romantisme à une nature peu amène et souvent dangereuse. Il revient volontairement, mû par un fort sentiment patriotique, pour s'engager dans l'armée française en 1914. Mais, au-delà de cette vie aventureuse et engagée, Maurice Constantin-Weyer nous laisse trois livres dans lesquels il évoque la pêche et les poissons dont La chasse au brochet publié en 1941. Un livre qui par son titre évoque tant la poursuite effrénée que le désir de leurrer et de capturer, une chasse qui mêle l'affût et l'approche avec ou sans équipage mais parfois à cor et à cri. Le brochet est considéré du point de vue du chasseur comme un grand carnassier d'eau douce, dentu, féroce, instinctif et énigmatique, digne des grands tableaux de chasse, hélas. Constantin-Weyer m'en voudrait certainement de commencer ainsi, lui qui, dans la préface de son livre, prend garde de souligner « qu'un pêcheur digne de ce nom, a tout à profit à tirer d'un connaissance méthodique — en quelque sorte scientifique — des m½urs du poisson qu'il chasse ». Le naturalisme contre le romantisme, la méthode contre l'aventure, l'observation minutieuse contre ratiocinations littéraires ? Constantin-Weyer, quand il va à la pêche, préfère la rationalité, le style vient après, de telle sorte que pour apprécier La chasse au brochet (et même La vie privée des poissons ou Le moulinet à tambour fixe) il faille passer par d'autres livres comme Source de joie, Manitoba ou Le flâneur sous la tente. C'est bien donc ça la pêche, d'après Constantin-Weyer, un regard de naturaliste avant celui du romancier, la littérature vient après et il appartient peut-être au lecteur de l'imaginer. Et pourtant, déjà à son époque, un Maurice Genevoix ou un Hemingway, rescapés de la Grande Guerre eux aussi, avaient mêlé les genres pour des ½uvres fondatrices de notre mythologie halieutique.

« Le brochet est un grand calomnié.
Il est victime de la sottise des Hommes »,
Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet.
Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet
L'auteur ne cesse jamais de se faire l'avocat des poissons et du brochet d'abord. Un poisson féroce dont l'instinct n'a que peu changé depuis le Paléothique, au premier temps de la chasse au brochet. Le brochet reste un poisson extraordinairement rustique et féroce. Constantin-Weyer raconte par deux fois les noces cannibales du brochet dans La chasse au brochet et dans Source de joie. La femelle, après s'être accouplée avec un brochet, s'éloigne dans un herbier et attend le mâle, à peine remis de son effort, pour le dévorer tout vif. Scène incroyable où l'on passe de la dévoration à la fascination. Peut-être est-ce pour cela que le brochet et le grand brochet en particulier, le plus souvent une femelle, a encore une mauvaise réputation de monstre des eaux douces. Dernière excuse à son prélèvement. L'homme se pense toujours meilleur que la nature, il a pour lui la conscience et celle-ci suffit à le placer en haut de la chaîne alimentaire. Mais, l'auteur met déjà en garde, à son époque, et écrit : « Constatons l'horreur du monde dans lequel évoluent les poissons. Ne commettons pas la sottise de croire le nôtre ni meilleur, ni plus intelligent ».
 
Au nom du Père ! L'auteur pêche le brochet au bouchon sur une ligne dite Pater Noster (le Notre Père) la prière la plus courante du christianisme. Il s'agit, à vrai dire, d'une ligne montée sur un fort grain de chapelet en guise d'émerillon, non pas le petit grain des ave, mais celui plus gros des Patenôtres, un montage en dérivation qui laisse plus de liberté au vif. La pêche au vif est une technique aussi vieille qu'efficace à laquelle le brochet succombe facilement avant de recevoir bien trop souvent le coup de grâce. Mais l'auteur adresse aussitôt une autre prière qui raisonne encore plus fort : « Ferrez à la touche, et soyez sportif. Vous n'en prendrez pas moins de belles pièces, au contraire ». Ainsi, libérer le poisson après la prise, ce n'est pas seulement le relâcher dans son élément en l'acquittant de la mort, gracier c'est aussi rendre grâce, c'est témoigner de la gratitude au brochet ou à tout autre poisson pour la joie qu'il donne dans l'acte de pêche et pour le reprendre plus grand et plus fort au fil des saisons. « Délivre-nous du mal » dit aussi la prière, le mal que nous faisons aux poissons par désinvolture, intérêt mercantile ou par esprit braconnier. Constantin-Weyer avait compris que la course à la « modernité » nous serait fatale parce que cela serait d'abord fatal aux milieux naturels. Et pour cela, l'auteur avait bien raison de commencer son ouvrage par quelques pages naturalistes.
 
« Tout l'art de la pêche consiste à créer à l'usage du poisson
une tentation irrésistible »,
Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet.
 Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet

http://www.lureapike.co.uk/

La chasse au brochet est dans l'esprit de Constantin-Weyer davantage une approche, une sorte de méthode qui se cherche en même temps que son objet. Et son époque vit une révolution, l'invention du moulinet à tambour fixe d'Illingworth au début du XXe siècle et qui permettait de lancer une ligne plus facilement et surtout beaucoup plus loin. La technique de pêche des carnassiers devenait abordable, populaire et, bien évidemment, plus efficace. La pêche aux leurres venait de naître. Avec Le moulinet à Tambour fixe publié en 1938, l'auteur fut probablement l'un des premiers en France à rendre cette technique accessible. C'est un véritable engouement pour lui : « Au surplus, l'art délicat et subtil du pêcheur a évolué dans le sens du sport et de l'élégance ». Le pêcheur aux leurres est constamment en mouvement, le geste devient plus ample, la canne tournoie dans le ciel et invente un mouvement perpétuel qui met en relation l'air et l'eau par l'intermédiaire du leurre. Peut-être est-ce là une manière de reproduire ou de contrefaire la gestuelle des pêcheurs à la mouche, c'est surtout la naissance d'une technique à part entière qui connaîtra une seconde révolution avec le leurre en plastique souple dans les années 1980. Maurice Constantin-Weyer ne cesse de s'enthousiasmer pour ce bond technique : « depuis, j'ai découvert que la pêche au leurre américain est absolument passionnante ». Avec cette technique, le leurre prend son essor et l'auteur se tourne vers l'Amérique encore une fois. « La conception américaine du leurre est une conception impressionniste. » Il ajoute : « Le leurre américain est conçu spécialement pour intéresser le carnassier non seulement par sa coloration, mais par son allure. » Constantin-Weyer met au jour la nature du leurre de pêche, à la fois objet manufacturé, dont l'animation, les vibrations, les ondulations peuvent déclencher une réaction chez le carnassier. Le leurre est à la fois un artefact et un stimulus. Le pêcheur digne de ce nom se fait maintenant éthologue et les m½urs du brochet l'intéressent autant que les leurres fabriqués seront efficaces. Le voilà placé à l'intersection de mondes, l'un bien réel, le sien, et l'autre imaginé voire même étudié, celui du brochet qui à l'affût dans son herbier ou sous la souche attend le leurre venu du ciel. Certes, les fabricants industriels dispensent de cette réflexion, mais leurs catalogues sont souvent de bonnes introductions à cette éthologie, on peut même imaginer que les technologies nouvelles de l'imprimante tridimentionnelle — prochaine grande révolution — permettront à chacun de procéder à des créations originales. Le pêcheur aux leurres aura lui aussi son atelier de fabrication à l'instar des moucheurs. Il pourra alors, tout en respectant la propriété intellectuelle, s'amuser à reconstruire les leurres avec lesquels pêchait l'auteur, les River runt et Vamp de Heddon, les Pikie minnow et Trout Minnow du Pêcheur breton ou le Pike Couic de Perrot.
 
« On sait qu'il est vain de prétendre découvrir
ce que la rivière chuchote tout bas. »,
Maurice Constantin-Weyer, Manitoba.
 Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet

http://www.lureapike.co.uk/


J'aimerais parfois partager des parties de pêches et je rêve d'être aux côtés de Constantin-Weyer, peut-être moins pour la technique, quoi que, que pour l'entendre philosopher. Cette philosophie trop rare de ceux qui sont patinés par la nature considérée comme expérience et source d'inspiration. Je me vois en retrait à l'écouter en même temps qu'il pêche. J'entends ses paroles happées par la rivière ou soufflées par le vent. Il évoque d'abord ses maîtres les naturalistes comme l'ornithologue et défenseur de la nature Jacques Delamain, Jean-Henri Fabre, poète et naturaliste, Félix Le Dantec ou bien encore Réaumur. Époque avec laquelle la science naturaliste poursuit une course effrénée dans le sillage laissé par Darwin. Cependant, d'autres maîtres comptent, comme Fenimore Cooper ou Mark Twain, l'Amérique est encore pour un peu de temps « le nouveau monde » en ce début du XXe siècle. Mais, Constantin-Weyer reste l'homme sensible pour qui l'expérience de la nature importe plus  : « À la recherche d'un maître, nous trouvions enfin une maîtresse. Et, pour ma part, je m'efforçais de l'écouter et de la posséder tour à tour » écrit-il dans Source de joie. La rivière reste le lieu privilégié de sa méditation. La rivière et ses poissons : « Les précieux enseignements que nous donnerait un vieux saumon retiré des abîmes arctiques, où il a médité des mois et des années, sous la voûte épaisse de la banquise ! » écrit-il encore dans Source de Joie. L'auteur cherche à dépasser l'incommunicabilité entre l'homme et la nature, il en vient à accorder une âme aux bêtes, aux plantes et aux lieux, à oublier qu'il est pêcheur et à se perdre dans les observations de la nature sauvage pour devenir contemplatif. C'est aussi le voyageur rustique, le pérégrin des rivières. Dans Le flaneur sous la tente publié en 1935 aux Éditions de nature dirigées par Jacques Delamain, il disserte longuement au sujet de ses randonnées de pêche sur les bords de la Loire « de toutes nos rivières, la plus française », il évoque Genevoix sur sa périssoire (longue barque légère rendue insubmersible par des chambres à air disposées sous les bancs et le pont qui le soir venu servent d'oreillers ou de coussins au bivouac) avec une longue canne de trois mètres cinquante et d'une ligne à peine moins longue pour pêcher à la mouche, une noire, une rousse, une grise (une sorte de Tenkara ligérien ?) La Loire, sa vallée, ses châteaux, ses charmes, sa gastronomie enracinée qui contrastent avec la rusticité du randonneur-campeur-pêcheur. Les terres ensauvagées du Nouveau monde et les cours d'eau civilisés du Vieux monde, décorés de châteaux, de couvents, d'églises aux clochers haut perchés qui se miroitent à la surface de l'eau, si on veut encore bien les voir dans notre civilisation mourante. Homme des contrastes, plus que de la rupture, un rêveur dans son époque si novatrice, un « évolutionnaire » pour son temps !
Sur les bords d'une rivière, Constantin-Weyer rencontre un vieux pêcheur, un original dirait-on aujourd'hui. Le père Minon, sans âge, les yeux fatigués et rougis, le visage raviné, les poches pleines d'objets hétéroclites, tous destinés à la pêche et dont les plus grands sont une bouteille de vin et un cornet de tabac, ses souliers sont troués pour mieux laisser s'écouler l'eau et il tient une longue gaule terminée par une forte ligne et un bouchon, « tout au long de la rivière, ses paroles font figure d'oracles ». Constantin-Weyer pêche avec lui, avec canne, moulinet et cuiller lorsqu'il ferre un beau brochet. Le père Minon étonné assène que c'est par pure chance, pourtant il laisse traîner sa ligne sur l'endroit car selon lui un brochet n'est jamais seul, il vit toujours en ménage, « quand on en prend un, on prend la paire » dit-il. Constantin-Weyer ne le démentira pas par politesse et respect.

Il y a dans cette histoire simple toute la philosophie de Constatin-Weyer, l'ancien et le nouveau, l'observation et l'expérience, le naturalisme et le romantisme, le monde ensauvagé et celui plus civilisé des clochers, les lieux et la pérégrination, le terrestre et l'aquatique, la pêche au bouchon et le leurre nouveau. Et tous les secrets du pêcheur au bord de l'eau.
Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet
http://www.lureapike.co.uk/


Chamane51 le 07/01/2014
Articles précédents :
Pêche et littérature, nature writing, livres de pêche.

Denis Rigal, Eloge de la truite
Jean Rodier, En remontant les ruisseaux
Joan Miquel Touron, La belle histoire de la pêche à la mouche
Henri Bosco, Malicroix
Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840)
Laurent Madelon, Plaisirs de la pêche en montagne
René Hénoumont, Le jeune homme et la rivière
John Gierach, La-bas les truites...
Jacques-Etienne Bovard, La pêche à rôder
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker

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#Posté le mardi 04 février 2014 11:44

Modifié le mardi 11 février 2014 14:41

Lac du Der, Brochet et paysages.

Lac du Der, Brochet et paysages.Lac du Der, Brochet et paysages.





« Il est là toute l'année, reflétant le ciel
- et de sa surface paraît s'élever une colonne d'éther,qui forme dans l'espace un pont entre ciel et terre.















L'eau semble être un élément médian entre terre et ciel, le plus fluide dans lequel l'homme puisse évoluer.










Lac du Der, Brochet et paysages.







Depuis la surface de chaque lac monte une musique étouffée »,

Henry David Thoreau Journal, mercredi 2 décembre 1840.










 

 


Lac du Der, Brochet et paysages.
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Pêche et littérature, nature writing,
livres de pêche.

Laurent Madelon, Plaisirs de la pêche en montagne
René Hénoumont, Le jeune homme et la rivière
John Gierach, La-bas les truites...
Jacques-Etienne Bovard, La pêche à rôder
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker
 
Tags : Brochet, Lac du Der
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#Posté le mercredi 05 décembre 2012 03:10

Modifié le mercredi 05 décembre 2012 04:34

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