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Pêche et littérature, "nature writing", livres de pêche.

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Un blog pour parler de pêche et de littérature. Pour contempler les rivières et les lacs, leurs poissons.

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Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir

Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourirPeter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir, Ed. Actes Sud, octobre 2015
 
 
 
Peter Heller est un écrivain américain, aventurier et touche à tout. Livreur de pizza, kayakiste ayant descendu les plus grandes rivières du globe, marin et reporter pour le compte du National Geographic Adventure sur le Sea shepherd pour défendre les baleines, garde pêche et pêcheur à la mouche. Il a fait une entrée remarquée dans la littérature nord-américaine avec un premier roman post apocalyptique, La constellation du Chien. Son second livre n'en est pas moins remarquable.Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir
 
«  Laisser à la liberté une chance de se frayer un passage entre les mailles de l'inexorable »,

Denis Duclos, Le complexe du Loup-Garou,
la fascination de la violence dans la culture américaine.
 
Heller écrit avec un style percutant, presque rude dans sa forme pour aller chercher l'essentiel des sentiments sans détour ni fioriture. Ses mots sentent le tabac à chiquer, le sang séché, la poussière, l'humidité d'une cascade, la peinture fraîche, la mousse des rivières ou l'odeur acre d'une truite vidée d'un coup de canif. Un style âpre et brusque à rapprocher de celui d'Hemingway dans Les Aventures de Nick Adams. Le style de Heller vous attrape, comme le début d'une bagarre à l'ancienne quand un type vous choppe par le col, puis l'auteur mêle poésie, contemplation, sensualité par une série de tensions entre les circonstances et le caractère de son héros. Heller dépeint Jim Stegner, c'est un homme méchamment blessé par la vie, plein de remords terribles pour ne pas avoir suffisamment entendu les appels au secours de sa fille Alce. Alce était son unique amour après deux divorces. Alce était son recours, sa résilience, sa bouée. C'est à elle qu'il a donné les premiers rudiments de la pêche à la mouche, à qui il a fait goûter les aurores ou les coups du soir au bord de l'eau, contempler les constellations lorsqu'ils étaient couchés sur la grève d'une rivière. Alce finira par pêcher bien mieux que son père et finalement bien mieux que tout le monde. Mais il ne l'a pas entendue, il n'a pas su l'entendre. Amoureuse éperdue d'un petit dealer, elle sera massacrée par des salauds. Jim Stegner porte cette blessure au plus profond de lui. Il tente de survivre grâce à la peinture, à la pêche, à l'amour parfois. Il ne peut oublier, son caractère est violent et n'est que le reflet de son âme, tueur occasionnel, inattendu. Le combat physique dans un ravin boueux, sur les rochers d'une rivière à coup de poings, de pierre, ou de calibre 41, est porté par l'intensité de l'écriture. La violence devient l'expérience de la vie elle-même, sa vie est catastrophée comme le cours des rivières. Mais ce parcours accidenté et désastreux ne dissimule pas la force de l'introspection et de l'analyse. C'est la force de ce roman. Jim Stegner tue quand il est au bord de l'eau, quand il est à la pêche pour oublier au milieu d'un paysage virginal. Serial fisher et serial Killer ne font qu'un.
 
Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir
Drawings By Gavin Erwin
http://www.fishthesea.co.za/gallery/fishartforsale.htm
 
 
« Adam pêchait-il ? Nous demanda t-il. Des exemples de lancer à la mouche au paradis ? Non, la pêche est l'apanage du monde corrompu, imparfait. Au Paradis on y renonce. »,

Wallace Stegner, Lettres pour le monde sauvage, Ed. Gallmeister, 2015
 
Wallace Stegner est lui un écrivain très nature writing dont l'un des livres a été traduit aux éditions Gallmeister. Je crois peu au hasard, notamment à celui de l'homonymie avec le héros de Heller, Jim Stegner. La concordance des publications françaises ne fait pas une référence assumée, pourtant, ils ont tous deux la même conscience que le paysage américain résume, malgré sa beauté, une grande part de tragique. Le wilderness, la nature sauvage, virginale, le Paradis du premier jour, immaculé, est maintenant un espace rêvé, interprété, regretté. Il n'a plus la valeur hypnotique que peut lui donner le sublime, ce n'est plus un paysage dans lequel le moi peut se perdre, être submergé, se dissoudre. Déjà chez Hemingway dans Sur l'écriture (1924), manuscrit adjoint à sa magnifique nouvelle La grande rivière au c½ur double, le paysage scénique de la rivière est un lieu où l'âme humaine peut encore se perdre mais ne retrouvera pas la plénitude de sa conscience, le repos et la rémission. Le paysage de la rivière que ce soit en plongée ou en contre-plongée est plus rêvé et parcouru que contemplé. Nick Adams le héros d'Hemingway est certes « marié à la pêche », il descend dans la rivière en se demandant comment le peintre Cézanne l'aurait interprété. Il s'agenouille dans l'eau, fouille dans son sac pour libérer une truite et la regarder se faufiler entre les pierres. Dans Le dernier beau coin du pays écrit plus tard, la truite est assommée puis vidée dans une sorte de mise à mort tauromachique et jouissive. La rivière n'est plus que rêvée, elle l'est magistralement dans Maintenant je me couche où Hemingway invente des rivières pendant ses nuits d'insomnie, il croit même y avoir pêché en vrai, il leur donne un nom. La rivière est le lieu de l'oubli de soi, « Toutefois, je finis par revenir à la pêche, après avoir réalisé que je me souvenais avec précision de toutes les rivières et que j'y trouvais toujours quelques chose de neuf, tandis que les jeunes filles s'estompaient invariablement dans mon esprit ». Un lieu de rédemption immanquablement lié à la nature de l'homme moderne qui cherche à oublier, à se faire pardonner ses fautes, ses crimes. Ce n'est plus le lieu de la résilience, les eaux de la rivière ne sont plus les eaux lustrales et celles du baptême, de la renaissance comme dans La grande rivière au c½ur double. Et, c'est encore plus vrai avec Peter Heller, la rivière à truite est toujours adossée à une route par les deux bouts, elle mène à la ville et à sa corruption, cheminement parallèle et chaotique renvoyant à des possibles tragiques. Entre la route et la rivière, Jim Stegner y installe souvent son chevalet (tandis que la canne à mouche est posée sur la carrosserie du pick up autre parallèle saisissant) avec un colt calibre 41 coincé dans une ouverture sensée accueillir un bocal, prêt à faire feu au cas où. La rivière est maintenant le lieu du crime, la scène du crime elle-même, en l'espace d'une fulgurante violence, on passe de l'american dream à l'american drama.
 
Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir
Drawings By Gavin Erwin
http://www.fishthesea.co.za/gallery/fishartforsale.htm









J'ai dit : «  Je suis en état d'arrestation ? »
Non !
« Je peux aller à la pêche, alors ? »,

Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir.
 
La peinture n'aide pas Jim Stegner à surmonter la disparition d'Alce, elle le ramène trop vers la sociabilité du monde urbain, les galeries d'art, son agent, ses clients, l'argent. L'art ne l'aide pas : « ... que ma fille est morte pour rien. Que je ferais mieux d'aller pêcher avant que mon cerveau ne parte en vrille ». Seule la pêche peut l'aider parce qu'elle lui rappelle ses parties de pêche avec Alce, la communion des jours heureux, des bonheurs partagés, de la joie simple et sincère d'être ensemble et de se regarder, de se trouver beau au milieu de l'eau, une canne à la main. Cela existe, vous le savez, vous qui pêchez, vous êtes initié et vous l'avez déjà éprouvé, je n'en doute pas. Jim va à la pêche comme on va chez son thérapeute. Il invente des mouches comme la Stegner killer (prémonitoire ?) ou en fabrique de plus classiques comme la Royal coachman, des mouches sèches ou noyées selon la nécessité, même s'il ne dédaigne pas envoyer un petit streamer comme un wooly bugger ondoyer dans les courants. Il pêche aussi avec des nymphes comme la classique pheasant tail ou la bead head prince ou encore une Copper John. C'est un pêcheur à la mouche éclectique et donc accompli, qui pêche avec du matériel de prix selon la vente de ses tableaux. Certains s'anéantissent dans l'alcool, lui va à la pêche, c'est l'unique moment où il peut oublier l'absence de sa fille, s'oublier lui-même, oublier le temps : « Le temps passé, le temps présent. Quelque soit le temps qui régule la terre, il avait reculé dans les ombres de la nuit. J'ai lancé, lancé encore.... » Le mouvement de métronome de la canne semble figer le temps puis ouvrir une faille dans laquelle il peut se lover, comme dans une parenthèse le protégeant momentanément de son destin tragique et de sa cohorte de malheurs et de crimes. L'amour avec Sophia (la sagesse de la Grèce antique ? Une anti Stegner killer ?) l'apaise presque tout autant que la pêche : « Elle m'a fait l'amour encore et encore jusqu'à j'ai mal et que je halète comme une truite hors de l'eau, puis elle me tenait dans ses bras, là aussi comme une truite, pour que je reprenne mon souffle, et ensuite elle me laissait m'endormir » abolissant tout sentiment de peine et de remords, amnistiant le criminel, une « graciation » comme acte d'amour. On peut bien pratiquer le catch and release avec un pêcheur à la mouche.
 
Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir
Drawings By Gavin Erwin
http://www.fishthesea.co.za/gallery/fishartforsale.htm
 









La pression froide sous la mâchoire. L'acier.
Avant même de me poser la question j'ai su que c'était un revolver.
« Bon choix la nymphe. J'aurais fait la même chose, je crois »,

Peter Heller, Peindre, pêcher et laisser mourir.
 
Jim Stegner semble tout bousiller dans sa vie, sauf ses parties de pêche, quoi que... C'est encore dans la rivière et à la pêche que le drame de sa vie va trouver une résolution durable. A genoux dans l'eau, piégé, le canon d'une arme sur la face, les waders se remplissent d'eau glacée, il perd sa canne, une Sage à 5 brins avec laquelle il a appris sa fille à pêcher, il pleure, il sait la fin de la partie toute proche, les souvenirs disparaîtront ainsi que l'odeur du café du matin, la chaleur de Sophia, le grain de sa peau, le parfum des rivières, les reflets de la lune dans l'eau, et, j'imagine, le sourire d'Alce lorsqu'elle se retournait en regardant son père pour lui montrer sa canne plier par le combat d'une belle truite, la sensation vivifiante de la touche, et toutes sortes d'émotions intenses et fugaces que l'on éprouve à la pêche ou en amour et qui mises bout à bout font des souvenirs solides pour les jours de tempête. Jim va y passer, peut-être... « J'ai imaginé te couper les mains. Ce qui rendrait la peinture et la pêche un peu plus difficile. Mais, bon ça t'empêcherait pas de baiser. Du coup, je pourrais te couper la bite, aussi. Je pourrais. Aussi simple que d'ouvrir une truite. »
 
Chamane 51, le 11/10/2016
 
 
Pêche et littérature, nature writing, livres de pêche.
Jean-Marie Rouffaneau, Histoires de pêche, Rabouin
Chamane51, Le Guide (souvenirs des Hébrides)
Numa Marengo, La pêche et Platon
Philippe Cortay, Les murmures du Versant
Serge Sautreau, Après-vous mon cher Goetz
Maurice Constantin-Weyer, La chasse au brochet
Denis Rigal, Eloge de la truite
Jean Rodier, En remontant les ruisseaux
Joan Miquel Touron, La belle histoire de la pêche à la mouche
Henri Bosco, Malicroix
Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840)
Laurent Madelon, Plaisirs de la pêche en montagne
René Hénoumont, Le jeune homme et la rivière
John Gierach, La-bas les truites...
Jacques-Etienne Bovard, La pêche à rôder
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Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
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Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
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Les pieds dans l'eau, René Fallet
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Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker
Tags : Peter Heller, Wallace Stegner, Hemingway, Nature writing, Wilderness, Truite, Nymphe, Mouche, streamer, Pêche à la mouche, Cézanne
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#Posté le vendredi 11 novembre 2016 03:39

Modifié le dimanche 28 janvier 2018 16:51

Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840), Ed. Finitude, 2012.


Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840), Ed. Finitude, 2012.
Henry David Thoreau, Journal (Vol. 1)


Thoreau a vingt ans, nous sommes en 1837, il est sur les bords du lac de Walden et il entreprend la rédaction d'une ½uvre inédite qui marquera le début d'une longue tradition d'écrivains de nature (nature writing). Au cours de ses promenades et de ses observations il prend des notes sur des feuilles volantes, dans des carnets. Ebauche, croquis, annotations, mise en forme progressive de la pensée, ces notes, souvent poétiques et naturalistes sont maintenant éditées par les Editions Finitudes, il s'agit du premier volume de quinze autres à venir, un par an.
 
« Moi qui chantais jadis le bienheureux jardin
Perdu par la désobéissance d'un seul, je chante maintenant
Le Paradis recouvré pour tous les humains... »,
John Milton, Le Paradis reconquis (l.I,v. 1-3).
 
Thoreau est donc au bord du lac, il habite une cabane de rondins. Il observe le lac, la forêt, la faune, leurs changements et leurs interactions tout au long des saisons. Le lac devient naturellement l'un des sujets majeurs des réflexions de Thoreau, on l'a déjà vu dans ce blog avec un premier texte consacré à Walden. Au moment où tout l'Ouest américain voit un changement irrémédiable se produire, celui de la découverte et de la conquête d'un espace et de sa faune par des forces violentes et destructrices déguisées en modernité et en civilisation, Thoreau reste l'homme d'un lieu, d'un endroit et non de l'immensité et du Wilderness (étendue sauvage, espace vierge). Pour autant, c'est par le lac que Thoreau dépasse l'horizon proche, fait fondre la frontière et dissoudre les limites. Le wilderness de Thoreau à la taille de Walden. Le lac est un monde, un univers changeant, divers, étonnant et constamment renouvelé et il a ses pêcheurs : « Je suis aussi ému et transporté en regardant les pêcheurs au bord de Walden Pond en hiver, que lorsque je lis les exploits d'Alexandre à travers l'histoire. Leurs actes sont étroitement liés. Les circonstances et le décor sont à ce point similaires que ce qui les différencie n'a pas d'importance » (20 décembre 1840). Le lac devient un universel géographique transformé en totalité du monde, une nouvelle mare nostrum mais il est aussi par la présence des pêcheurs associés à Alexandre le Grand, une parabole dont le sens semble dire que la nature du lieu détermine une force, une énergie, à une communauté humaine qui forme un écosystème placé dans la durée. Thoreau est maintenant loin des lectures du The Angler's Souvenir de William Andrew Chatto paru en 1835 en Angleterre, une somme de souvenirs bucoliques sur la pêche.

L'esprit des pionniers peut se satisfaire de Walden Pond, si petit soit-il, il recèle un monde universel durable et une grandeur d'âme.
 Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840), Ed. Finitude, 2012.

« Et le jardin d'Eden dressé dans l'étendue sauvage
O Esprit qui menas ce glorieux ermite
Dans le désert où il emporta la victoire... »,
John Milton, Le Paradis reconquis (l.I,v. 7-9).
 
Les pêcheurs de Walden sont donc des héros et dans ce cas les poissons avec lesquels ils ferraillent n'en sont pas moins héroïques. Thoreau aime les observer attentivement avec la ferveur du poète et la minutie du naturaliste. Le 14 février 1840, il note dans son carnet : «Un receuil d'histoire naturelle des plus succinct suffit à faire de moi un enfant. Lire simplement leur classification me fait aimer les poissons. J'aimerais même connaître le nombre de nervures de leurs nageoires et savoir combien d'écailles portent leurs flancs. . . Ou encore je somnole en compagnie du brochet majestueux sous les feuilles de nénuphar de notre rivière, entre les nefs et les allées sinueuses créées par leurs tiges. » La considération naturaliste le fait plonger dans une rêverie apaisée et presque mélancolique, il gagne les profondeurs aquatiques, change de dimension, abolit le haut et le bas, l'au-delà et l'en-deçà. Thoreau réédite la métaphore le 26 décembre en observant des brochetons immobiles entre deux eaux, maintenant leur équilibre par des petits coups de nageoire aux allures d'éventail. Un autre naturaliste John James Audubon d'origine française (comme Thoreau d'ailleurs) qui fut l'un des plus fameux ornithologues des Etats-Unis mais de la génération précédente, avait déjà avancé l'idée. Thoreau indique dans Natural History of Massachusetts qu'il connaît et apprécie les travaux d'Audubon. Ces deux hommes n'ont pas cessé, chacun à leur manière, de parcourir les fleuves, les rivières et les lacs de l'Est des Etat-Unis. Ils ont ce point en commun d'avoir voué une partie de leur vie, si-non la plus grande partie, aux eaux vives et dormantes. On retrouve chez Audubon une description de la perche soleil dans Journaux et récits (t. II p. 1071) : «Sur son corps éblouissant, les reflets de l'or qui se mêlent au vert de l'émeraude, non moins que les teintes de corail qui le nuance en-dessous et le rouge étincelant de ses yeux en font, pour le regard enchanté, une véritable perle des eaux.» Thoreau s'inspirera de cette image éblouissante avec les perches de Walden pour porter la description esthétique à son point le plus haut. Ils semblent tous les deux d'accord sur cette idée, chaque élément naturel, comme un vulgaire poisson, est doué d'une force esthétique et onirique considérable capable de sublimer à elle-seule la beauté de la nature toute entière. Cependant, ils différent sur la nature même du pêcheur.

Pour Audubon qui a descendu l'Ohio de Pittsburg à La Nouvelle Orléans, remonté le Missouri de Saint-Louis à Fort Union, à travers les rapides, les hauts fonds, les inondations, rencontré loups, bisons, Indiens, la pêche n'est pas un loisir et encore moins une métaphysique. C'est une technique qui sert à se nourrir tout comme la chasse. Il écrit de longues descriptions sur les techniques de pêche, les appâts, les amorces et les lignes pour la perche blanche dans l'Ohio ou de la perche soleil de la Green River du Kentuky ou des eaux rougeâtres de Louisianne, il évoque alors « le pêcheur à la ligne classique ou scientifique » (on peut consulter par curiosité Thad. Norris, The American angler's book, embracing The natural history of sporting fish and the art of taking them, 1864, 632 pages, légèrement postérieur à Audubon et Thoreau mais qui résume bien les connaissances sur la pêche et les poissons pour l'époque). Malgré tout, il met en garde, ces poissons tout aussi modestes qu'ils paraissent n'en sont pas moins dignes d'intérêt et de respect. Précaution légitime de la part d'Audubon qui, au cours de ses récits et de ses études, s'inquiète de la raréfaction des bisons, des animaux à fourrure, des oiseaux victimes des armes à feu et de la cupidité des hommes, des Indiens victimes des guerres, de l'alcool et de la grande épidémie de variole. L'homme, comme les pêcheurs qu'il observe, ne sont que des prédateurs ingénieux, féroces et avides dont seule la jouissance immédiate importe.

Audubon sur la fin de son périple n'a plus d'illusion. Un monde disparaît. Un Paradis retrouvé semble avoir été perdu, à nouveau.
Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840), Ed. Finitude, 2012. 
« Il est là toute l'année, reflétant le ciel
- et de sa surface paraît s'élever une colonne d'éther,
qui forme dans l'espace un pont entre ciel et terre.
L'eau semble être un élément médian entre terre et ciel,
le plus fluide dans lequel l'homme puisse évoluer.
Depuis la surface de chaque lac monte une musique étouffée »,
Henry David Thoreau Journal, mercredi 2 décembre 1840.
 
Pour Audubon la responsabilité de l'homme dans le devenir du wilderness n'est pas une conception évidente, du moins dans ses premières années d'aventure. L'homme, en effet, semble être le jouet de forces qui surdéterminent son destin comme il peut l'être des éléments naturels et des cours d'eau en particulier. Le vendredi 10 mai 1819, sur une grande barque à fond plat, il observe et note : « La rencontre des deux cours d'eau m'évoque l'entrée dans la vie adulte d'un jeune homme innocent, lequel se trouve peu à peu confronté à des milliers de difficultés ; il lutte mais, progressivement submergé, il se perd dans le tourbillon de la vie. La belle eau de l'Ohio, lorsqu'elle se jette dans le Mississipi, est assimilée petit à petit tandis que l'oeil peut encore la suivre pendant un moment, car elle se détache du courant boueux . . . Là j'ai rencontré deux Indiens. . . Ils semblaient tellement libres et indépendants, détachés du reste du monde que je les considérais avec admiration et envie.» Etonné et quelque peu stupéfait, il observe les forces secrètes à l'oeuvre dans les courants fluviaux, leur complexité et l'inexorable parcours qu'ils poursuivent malgré les obstacles. L'homme n'y peut rien, impuissant et spectateur, pourtant les Indiens sont là, étrangement libres et mobiles au milieu des eaux dangereuses. Audubon prend également conscience que la liberté ne peut exister que dans une relation en harmonie avec les cours d'eau et leur environnement.

Thoreau va pousser plus loin cette idée. Dans son Journal, il note le 4 avril 1839 : « Quand par une journée suffocante, je me laisse dériver sur les eaux paresseuses de l'étang, je cesse presque de vivre et commence à être. . . Je ne me sens jamais aussi enclin à perdre mon identité. Je me dissous dans la brume. » En annulant la distance entre l'homme et le monde des eaux, il opère une identification qui s'apparente à un désir de dissolution pour unir l'être qu'il est au biotope qui l'entoure. Mais il ne se débarrasse pas pour autant de la nécessité de persister. Dans un autre passage, noté pour juillet-août 1840 il écrit : « Quand je flotte sur des eaux calmes, je suis moi aussi une planète, j'ai ma propre orbite dans l'espace et je ne suis plus un satellite de la terre. » L'homme peut ainsi s'affranchir de la gravité, il peut aussi ajuster un monde à sa mesure comme L'Homme de Vitruve dessiné par Léonard de Vinci, et définir une centralité qui donnera toute sa place à l'homme. Ambition démesurée, exagérément anthropocentrique mais tempérée par une sensibilité pour ne pas dire une sensualité que Thoreau éprouve, à fleur de peau, quand il est dans la nature. L'homme dans les bois et peut-être plus certainement l'homme des eaux vives et des eaux dormantes est naturellement sensible.
Henry David Thoreau, Journal (22 octobre 1837-31 décembre 1840), Ed. Finitude, 2012.
 
Il est alors de ce Paradis perdu et retrouvé, si son poids se fait léger, si son empreinte se fait discrète, si son ombre se mêle à celle des arbres, des animaux et des poissons, si sa respiration est celle du vent, des courants aquatiques et des saisons.
 
« Nous devrions contempler le cycle des saisons
qui revient immanquablement, éternellement,
avec la même sérénité joyeuse qu'un enfant attendant l'arrivée de l'été.
Comme le printemps reprend vie après tant d'années divines,
nous devrions sortir pour admirer
et embellir à nouveau notre Eden, sans jamais nous lasser. »
Henry David Thoreau Journal, Le Paradis sur terre (6 janvier 1838).

 Chamane51, le 06/11/2012
 
Articles précédents :
Pêche et littérature, nature writing,
livres de pêche.

Laurent Madelon, Plaisirs de la pêche en montagne
René Hénoumont, Le jeune homme et la rivière
John Gierach, La-bas les truites...
Jacques-Etienne Bovard, La pêche à rôder
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker

Tags : Henry D. Thoreau, John James Audubon, Perche, Wilderness, Nature writing, Jardin d'Eden, Paradis perdu, Journal
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#Posté le mardi 06 novembre 2012 04:37

Modifié le dimanche 25 novembre 2012 02:01

Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages, Collection « Têtes nues », Wildproject éditions, 2011

Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages, Collection « Têtes nues », Wildproject éditions, 2011Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages, Collection « Têtes nues », Wildproject éditions, 2011


Les Editions Wildproject nous offrent un petit trésor. Ce livre, né d'une rencontre entre l'écrivain Jim Harrison et le poète Gary Snyder, nous plonge dans une conversation autour du « monde sauvage », wilderness en anglais. Une notion que chacun d'entre nous a pu éprouver durant les longues heures passées le long des rivières, sur l'eau ou à cheminer le long des cascades et des torrents de montagnes ou pendant de longues heures de guet et d'attente. Nous avons traversé des paysages souvent déserts, navigué face au vent avec par-dessus nous le défilé des nuages ou des grues migratrices. Nous avons vu cela, bien plus, nous avons été émus souvent, frissonnant devant ce cadeau offert au regard et à tous les sens.



 
« Une carpe mourante mord l'air
Dans l'herbe humide,
La rivière recule. Qu'importe.

Des poissons flasques dorment dans les herbes
Le soleil me sèche tandis que je danse ».
Gary Snyder, Second chant du Chaman.







Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages, Collection « Têtes nues », Wildproject éditions, 2011J'aime Gary Snyder car sa poésie porte un souffle archaïque. On respire un temps géologique ancien, une poésie lithique faite de roches métamorphiques, de lave en fusion mues en langue rugueuse et on tremble en lisant ses visions que l'on imagine peintes sur des parois de caverne tremblantes à la flamme de la torche. Gary Snyder est inspiré par la nature et la fait vibrer dans ses poèmes que l'on pourrait définir comme rupestres.
 
Bisons, ours, corbeaux, saumons, carpes s'animent, montagnes, rivières sont exaltées. La vision par la force du verbe se dessine et se colorie en poème comme sur un voile tendu entre l'auteur et le monde naturel des esprits. Le poète comme le chamane font présence de l'invisible et réalisent le passage dans les mondes trop longtemps occultés par la vie moderne. L'homme est aussi du règne animal, végétal, il est fait d'air et d'eau, de roche et de feu, « La terre est notre aire de danse maintenant » affirme Gary Snyder à la fin de l'un de ses poèmes.
 
 


 
« Tout le fleuve Columbia gronde
en-dessous de son plan humide
le tourbillon et le panache
de l'eau roulant par-delà et par-dessus,
Saumon cambré dans le fluide immuable
Gary Snyder, Mountains and rivers Without end.



 
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages, Collection « Têtes nues », Wildproject éditions, 2011Pour Jim Harrison et Gary Snyder, la présence du monde sauvage (le wilderness) est aujourd'hui négligée presque oubliée. C'est avec l'expérience d'Henri D. Thoreau - que nos deux auteurs affectionnent - qu'elle reprend vie mais dans une pratique faite de simplicité volontaire, d'observations minutieuses et d'une esthétique sensible et souvent étonnée et émerveillée. Le bois de Walden et son lac, où Thoreau s'était retiré, deviennent le lieu commun de cette expérience. Ces territoires, sans représentation politique, ouverts à tous les vents mercantiles et destructeurs, trouvent alors dans les écrits de Harrison et Snyders des défenseurs parfois inquiets.
 
Dans Un bon jour pour mourir de Jim Harrison, le narrateur sans nom et Tim un vétéran perdu de la guerre du Vietnam arpentent les rivières à la recherche d'un barrage pour le faire sauter afin de rendre aux truites leur liberté. Pas de dualité dit Jim Harrison dans Aristocrates sauvages, il n'y a pas d'un côté la nature et de l'autre l'homme car ils participent tous les deux à la même entité. L'homme retrouvé peut alors être ce voyageur entre les mondes, un voyageur étonné et enthousiaste.


 
« Je me jetai dans l'eau la tête la première jusqu'aux épaules :
Etendu de tout mon long sur les galets-bourdonnements dans les oreilles
Les yeux grands ouverts et saisi par le froid,
je me retrouvé face à une truite.»
Water, Gary Snyder (Aristocrates sauvages).
 
Chamane51 le 20/11/2011
 
Images extraites du DVD "La pratique sauvage"(inclus dans le livre Aristocrates sauvages)
 
 
Articles précédents :
 
J. de Lespinay, Si vous prenez la mouche . . .
Sophie Massalovitch, Le goût de la pêche
Serge Sautreau, Le rêve de la pêche
Sean Nixon, Les Nuits du Connemara
Pierre Clostermann, La prière du pêcheur
Pierre Clostermann, Des poissons si grands
Pierre Clostermann, Mémoire au bout d'un fil
Pierre Clostermann, Spartacus, l'espadon
Maurice Genevoix, Tendre bestiaire
Maurice Genevoix, Rémi des Rauches
Jim Harrison, Gary Snyder, Aristocrates sauvages
Pierre Perret, Les poissons et moi
John Gierach, Même les truites ont du vague à l'âme
Pierre Affre, La vie rêvée du pêcheur
Jean-Pierre Comby, Rêves de pêcheur
Henry D. Thoreau, Walden, préface de Jim Harrison
Bartolomé Bennassar, Les rivières de ma vie, Maurice Toesca, Rêveries d'un pêcheur solitaire.
Cormark McCarthy, La route
William G.Tapply, Casco Bay, Dark Tiger
Histoire d'ombres, Hervé Jaouen
Les pieds dans l'eau, René Fallet
Elisée Reclus, Histoire d'un ruisseau
Justin Cronin, Quand revient l'été
Les Ardennes à fleur d'eau, Terres ardennaises
La mouche et le Tao, Philippe Nicolas
Brève histoire de pêche à la mouche de Paulus Hochgatterer
Un bon jour pour mourir de Jim Harrison
La femme truite de Vincent Lalu
La grande rivière au coeur double, Ernest Hemingway
L'enfant et la rivière d'Henri Bosco
L'enchantement de la rivière de Philippe Nicolas
Le Traité du zen et de l'art de la pêche à la mouche de John Gierach
Partie de pêche au Yemen de Paul Torday
Le Testament d'un pêcheur à la mouche de John D. Voelker

 
 
 
 
 
 
 
Tags : Jim Harrison, Gary Snyder, Carpe, Saumon, Henry D. Thoreau, Walden, Un bon jour pour mourir, Chamane, Truite, Wilderness
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